Des journalistes médecins à l'origine
Les premiers journalistes traitant des informations médicales dans les médias grand-public étaient des médecins comme le docteur RMC (Dr Claude Blouin) ou le docteur Europe 1 (Dr Pierre Hermann). Le Dr Claudine Escoffier-Lambiotte a longtemps tenu de façon emblématique la rubrique santé du Monde. Des journalistes professionnels se sont ensuite spécialisés en santé et ont investi à peu près tous les médias en parallèle de cette première génération de médecins journalistes. Enfin, certains médecins ont plus récemment choisi cette filière.
Trier les informations est de plus en plus difficile
Les informations sortent aujourd'hui à un rythme absolument hallucinant. Je reçois 150 mails par jour avec des propositions parfois très intéressantes : on me signale des études scientifiques dans des revues dignes de ce nom tout comme on essaie de pousser des sujets qui ne mériteraient pas d'être traités. C'est très difficile, même avec un peu de recul, de faire le tri et d'avoir le bon sujet au bon moment pour être aussi rapide que la concurrence sans écrire d'inepties.
Certains sujets s'imposent comme par exemple, cette année Ebola car, même si le foyer de ce virus est loin de la France, cette maladie infectieuse suscite des craintes dans le monde entier. D’une façon générale, nous choisissons nos thèmes en fonction de la fréquence des pathologies - les cancers, les maladies cardiovasculaires - de l'inquiétude suscitée par les affections comme la maladie d'Alzheimer où toutes les familles sont concernées et des retombées potentielles des découvertes. Néanmoins, de temps en temps, nous privilégions une étude scientifique originale, un peu inattendue ou LE chiffre enfin optimiste dans un monde un peu gris.
Prudence sur Internet
Il faut être prudent lors des recherches sur Internet. Il existe des sites des institutionnels et des autorités de santé. Les sites d'associations de patients sont en général fiables, même si parfois le message est un peu biaisé parce qu'ils sont soutenus par l'industrie pharmaceutique. Mais globalement, la communication des laboratoires est très surveillée et aucun d’entre eux ne prendra le risque de diffuser une fausse information. Enfin, les principaux sites santé comme Doctissimo ou au Féminin/SantéAZ proposent une information raisonnable et raisonnée.
Pas de Haute autorité de surveillance pour l’information scientifique
Il est très difficile de garantir une information parfaitement juste et fiable, personne ne peut réprimer, ni surveiller en permanence la multitude d'informations santé. Il ne peut pas y avoir une Haute Autorité de surveillance des articles scientifiques.
Il y a d'excellents journaux qui laissent encore un peu le temps aux journalistes de faire des recherches. La sélection se fera peut-être progressivement : ceux qui se "plantent" trop et trop souvent seront obligés d'arrêter d'écrire et disparaitront. Finalement, ce sont nos lecteurs et nos auditeurs qui feront sans doute à terme la différence.
Interview réalisée dans le cadre de l'enquête sur « Les nouvelles pratiques du journalisme de santé » menée par l’Argus de la presse et Capital Image, 2015.
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